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Rappel gratuit
27 avril 2020
L’épidémie du Covid19, que la planète traverse, amène une partie de la population à craindre pour sa vie ou celle de ses proches. Dans les sociétés des pays développés comme la société Française, à l’inacceptabilité de la Mort en tant qu’idée s’ajoute l’impossibilité d’imaginer que la médecine occidentale puisse échouer face à un simple virus.
Pourtant l’histoire nous enseigne que l’Humanité s’est régulièrement avérée démunie face à des épidémies : la peste, la variole, le choléra et la grippe Espagnole ont décimé à leurs époques des pans entiers de la population.
Alors que les maladies infectieuses font partie, et ce de manière inévitable, de notre condition d’Etre Humain, il arrive qu’un virus se répande plus qu’une autre et qu’il se transforme alors en épidémie ou en pandémie.
La première pandémie connue en Europe est la peste de Justinien au VIème siècle. Elle a sévi à partir de 541, dans tout le Bassin méditerranéen. Les témoins historiques donnent l’Éthiopie et l’Égypte comme point de départ de la pandémie. Les auteurs modernes penchent pour une origine asiatique parvenant en Méditerranée orientale par la route de la soie.
La pandémie s’est répandue par poussées successives (une vingtaine) de périodicité d’environ 9 à 13 ans, périodes dont le mécanisme reste énigmatique. La peste circule par transport commercial (maritime de port à port, et le long des côtes par voie terrestre ou par cabotage) ou déplacements militaires.
En ce qui concerne les pertes humaines, les témoins historiques parlent d’un tiers à la moitié de la population. Ces chiffres sont probablement surestimés, à l’échelle d’une ville particulière, cela est possible en raison de la concentration de population et de la contagion associée. On ne peut cependant extrapoler à la population européenne totale, vu l’extension relativement limitée de la pandémie. Toutefois celle-ci a certainement affaibli le peuplement des régions méditerranéennes.
La peste de Justinien disparaît ensuite aussi soudainement qu’elle était apparue au milieu du VIIIème siècle, jusqu’à une nouvelle explosion six cents ans plus tard.
La peste Noire décime l’Europe à partir de 1347. Elle vient de Chine (de la province du Hubei, la même d’où est partie d’épidémie de Covid19).
Deux formes de la peste Noire ont alors coexisté : la peste bubonique et la peste pulmonaire. La peste bubonique se transmet du rongeur à l’Homme par l’intermédiaire d’une simple piqure de puce. La peste bubonique est très mortifère, elle se guérit dans un cas sur trois seulement.
La peste pulmonaire est-elle transmissible de l’homme à l’homme et est fatale dans la plupart des cas : c’est d’ailleurs à cette dernière qu’on attribue le qualificatif de « noire », qui signifie tristesse et deuil.
En quelques décennies, la peste décime entre un tiers et la moitié de la population Européenne. La France passe ainsi de 17 millions d’habitants à 10 millions d’habitants. A Majorque ou à Venise, dans des environnements clos, les pertes humaines atteignent même les trois-quarts de la population.
Après 1400, les ravages humains diminuent mais ne disparaissent pas. La peste revient à intervalles réguliers tous les 10 ou 15 ans et cela jusqu’au XVIIIème siècle où elle finit par s’éteindre pour des raisons qui échappent toujours aux historiens et aux épidémiologistes. Mais entre 1617 et 1642, la peste fait plus de 2 millions de morts en France. Entre 1628 et 1629, la ville de Lyon perd la moitié de ses habitants.
En France la dernière grande épidémie de peste eu lieu à Marseille en 1720. Le procédé de mise en quarantaine y a été employé. Mise en œuvre pour la première fois à Raguse en 1377, puis améliorée au début du XVème siècle par la république de Venise, la quarantaine maritime assure une protection minimale des ports méditerranéens : quand un bateau est suspecté de contenir à son bord des personnes infectées, on l’isole pour 40 jours, selon le chiffre établi par Hipprocrate.
Mais alors qu’on isole les hommes et les marchandises, certains ballots de tissu sont sortis clandestinement et contaminent les portefaix (porteurs) qui les manipule. Le navire et son chargement sont aussitôt brûlés mais il est trop tard. La peste a gagné la ville. L’épidémie a commencé chez les lavandières, chargées de laver le linge des matelots, puis passe de métier en métier pour contaminer l’ensemble de la population urbaine. La situation de la ville est dantesque, la ville enregistre plus de mille morts par jours, les corps sont entassés à chaque coin de rue. Les forçats ou pauvres hères qui sont chargés d’emporter les morts ont une espérance de vie qui ne dépasse pas la semaine : ils sont appelés les « corbeaux ». La ville est entourée d’un « cordon sanitaire », jolie expression qui signifie en réalité que les portes et les chemins sont gardés nuit et jour pour empêcher quiconque de sortir de la cité.
Au fil des temps, la peste est devenue une maladie de pauvres car pour ce qui concerne la peste bubonique elle prolifère lorsque les conditions d’hygiène sont mauvaises, les Européens ne la craignent plus. Mais depuis la fin du XVIIIème siècle, ils doivent se préoccuper d’épidémies comme celle de la variole, de la fièvre jaune, de la tuberculose, du choléra, de la syphilis, du typhus ou de la typhoïde.
La variole ou petite vérole était une maladie infectieuse, très contagieuse, due à un poxvirus. La variole a été responsable jusqu’au XVIIIème siècle de dizaines de milliers de morts par an rien qu’en Europe. Le Dr Jenner, un médecin Anglais, découvre en 1796 un moyen de s’en prémunir en inoculant une maladie cousine qui affecte le bétail, la Vaccine. Il invente ainsi le procédé connu par la suite sous le nom de « vaccination ». Cependant, la Révolution Industrielle et l’exode rural du XIXème siècle ont eu pour effet un entassement des populations et une dégradation de leur environnement sanitaire, ces maladies de la promiscuité et des « mains sales » ont sévi jusqu’à la première guerre mondiale.
Par son arrivée brutale et son expansion rapide, le choléra rappelle le plus la peste. La maladie se manifeste par d’intenses diarrhées qui conduisent à une déshydratation fatale. Le visage cyanosé du cholérique à l’agonie fait naître l’expression de « peur bleue ». La contamination est orale, d’origine fécale, par la consommation de boissons ou d’aliments souillés.
En Inde et en Asie du Sud, la maladie est endémique. Elle quitte son réservoir Indien vers 1820 pour se répandre en Chine et de là vers la Russie, l’Europe et l’Amérique. Cette épidémie a fait des millions de morts dans le monde. Les mesures mises en place pour endiguer l’épidémie furent des mesures d’hygiène publique plus ou moins pratiquées, dont le lavage de mains éminemment encouragée dans l’épidémie actuelle du Covid19. Par ailleurs le choléra touchait d’autant plus les citoyens aux « mains sales » qu’ils avaient le « ventre creux » : le suc gastrique d’une personne adulte correctement alimentée suffit à détruire le virus.
Le choléra quitte le sol Européen à la veille de la première guerre mondiale, peut-être vaincue par l’émergence d’une classe moyenne urbaine mieux logée, mieux nourrie et immunisée par 70 ans de pandémie.
Le répit est de courte durée puisque vient à la fin de la guerre une nouvelle menace : la grippe.
Si sa létalité (nombre de décès par personne infectée) est peu élevée (de 2 à 5% en Europe, 8% dans le monde), sa morbidité (nombre de mort en globalité) est extrême. La grippe a fait 200000 morts en France, entre 50 et 100 millions de morts dans le monde. On estime qu’un tiers de la population mondiale a eu la grippe.
En définitive les morts de la Grande Guerre (près de 20 millions) auront occulté ceux de la grippe qui a pourtant tué davantage encore.
La grippe saisonnière fait entre 10000 et 15000 décès par an en France, et entre 250000 et 500000 morts par an. Les grippes de 1957 (20000 morts en France) et 1969 (30000 morts en France) ont été particulièrement mortelles.
En 2009 survient une grippe nommée « grippe mexicaine » H1N1. Il s’agit d’une nouvelle souche de la grippe porcine (entre 150000 et 575000 morts). Cette grippe avait nécessité la mise en place de mesures de santé publiques sans précédent au Mexique (fermeture des écoles notamment) et dans le monde puisque les autres pays avaient demandé à leurs concitoyens de limiter leurs déplacements vers les zones infectées. Un vaccin avait pu être mis au point rapidement, 5,74 millions de Français avaient pu être vaccinés dans les mois qui ont suivi l’apparition du virus sur le territoire.
La pandémie du SIDA a fait dans le monde 32 millions de morts.
Le virus Ebola a fait 12000 morts dans le monde, essentiellement dans certains payes Africains. Ni traitement ni vaccin n’ont été trouvés à ce jour, la létalité du virus est élevée, entre 30% et 90%.
Enfin des alertes relatives au SRAS en 2003 (900 morts) et la grippe aviaire H5N1 en 2006 (une centaine de morts) nous rappellent notre fragilité vis-à-vis des épidémies. L’OMS craint l’arrivée d’une virus-x dont la létalité et la morbidité seraient élevées, dans un monde ou les distances ont été abolies et le temps rétréci rendant l’identification d’un virus difficile et favorisant sa propagation rapide.
Source : Le Figaro Histoire – Numéro Avril/Mai 2020
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